Revue « Notre corps » : le doc gynécologique français inébranlable de Claire Simon

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Jul 01, 2023

Revue « Notre corps » : le doc gynécologique français inébranlable de Claire Simon

Les couloirs de l'hôpital du documentaire sans faille de Claire Simon, Our Body, sont des royaumes éphémères. Des réceptionnistes masqués exhortent gentiment les patients à leur accorder une minute de plus. Les couples s'enroulent l'un contre l'autre

Les couloirs de l'hôpital du documentaire sans faille de Claire Simon, Our Body, sont des royaumes éphémères.

Des réceptionnistes masqués exhortent gentiment les patients à leur accorder une minute de plus. Les couples se blottissent les uns contre les autres assis dans des zones d’attente peu peuplées. Les médecins traitants sautent entre les chambres et les étages, ardemment suivis par les résidents. Lorsque les prestataires pénètrent dans ces espaces – bureaux, salles d’opération, maternités et unités de soins intensifs – un drame profond se déroule entre eux et leurs patients.

Tel le témoin d'un témoignage, Simon s'imprègne de chaque détail de ces rencontres. Our Body, présenté en première au Festival du film de Berlin 2023, est un témoignage émouvant de la complexité d'habiter une forme corporelle. Le film observe principalement des femmes – de différents âges, origines ethniques, classes sociales et besoins médicaux – qui passent par un hôpital public à Paris. Ils arrivent pour se faire soigner. Mais grâce à l'œil vif et sans compromis de Simon, force est de constater que ces patients viennent aussi chercher des conseils, du réconfort et de l'espoir.

Les histoires du documentaire de Simon vivent dans un contexte français, mais le sort de ses participants est presque universel. Face aux attaques résurgentes contre l’autonomie corporelle à travers le monde, Notre Corps est un projet urgent et politique.

L'inspiration pour le documentaire est venue de la productrice de Simon, Kristina Larsen, dont la bataille contre une maladie anonyme l'a forcée à se rapprocher des intérieurs de l'hôpital. En deux ans, Larsen a remarqué que de nombreuses personnes – qu'elles viennent pour des services de planification familiale, un traitement contre le cancer, un diagnostic d'endométriose ou des soins de transition de genre – passaient par le service d'obstétrique et de gynécologie. Comme il est étrange que « toutes ces étapes du voyage de la vie », dit Simon au début du film, « de la jeunesse à la vieillesse, du début à la fin », puissent se dérouler au sein d'une seule division.

Simon trouve dans ce fait une conclusion poétique. Notre corps est une tapisserie d’expériences variées organisées selon l’âge des participants. La plus jeune d'entre elles, une adolescente qui cherche à avorter, ouvre le film. Elle raconte sa première expérience sexuelle à un professionnel de la santé. Leur conversation fait également office de confession. La jeune femme texture son histoire de jugements moraux (« J'ai fait une erreur » ; « Ce que j'ai fait était vraiment mauvais à mon âge ») et d'idées fausses sur le sexe et la fertilité (« Je peux me retrouver avec une malformation ou autre », dit-elle. dit d'avoir avorté). Le prestataire réagit avec une neutralité calme, presque stoïque. Elle hoche la tête, pose occasionnellement des questions approfondies et corrige doucement toute inexactitude.

Avant que le médecin ne passe à un autre patient, le prestataire rappelle à l'adolescent : « C'est votre histoire, c'est votre expérience. » Ces mots résonnent dans Notre Corps, qui prend au sérieux la tâche de présenter les récits de ses sujets. Simon n'apparaît que longtemps après son introduction, et cette récession a un effet nivelant sur chaque scène suivante, donnant le même poids aux histoires présentées. Les vignettes coulent, certaines plus subtilement que d’autres. Les conversations sur les options d’avortement avec de jeunes patientes débouchent sur des rencontres avec des patientes transmasculines – l’une sur le point de faire une transition et l’autre en cours de processus. Lors de la dernière des deux visites, un médecin explique ses inquiétudes quant au développement d'endométriose chez la patiente. Simon suit leur rendez-vous avec des aperçus de femmes à la recherche d'options de traitement pour cette même maladie.

Dans un style similaire à celui de Frederick Wiseman, Simon filme avec détermination et empathie. Ses transitions (montées par Luc Forveille) sont sobres et peu dramatiques, ce qui donne l'impression que nous, comme les médecins et leurs résidents, faisons le tour. Cette approche est particulièrement utile lorsque Notre Corps se tourne vers la maternité. Ces scènes abordent la maternité – telle qu’elle est vécue à travers la FIV et le travail – avec une sobriété rafraîchissante. Simon filme les accouchements naturels et les césariennes, abordant les parties chirurgicales et tactiles de l'accouchement. L'accouchement devient un drame d'émotions mélangées (anxiété, excitation, peur et appréhension), de relations tendues entre les patientes et les prestataires et d'une course contre la montre stressante.